Nous le répetons sans cesse dans nos cours mais les danseuses orientales sont avant tout des divas avant d'être des danseuses. L'âge d'or d'Egypte (vers les années 1950) porte le féminisme haut et fort. Les femmes se rebellent, parlent de sujets qui fâchent (référence au journal mensuel L'Egyptienne fondé par Huda Sharawi en 1925). Les femmes veulent assumer leurs féminités ou se revendiquer comme business woman. Nous avons aujourd'hui une vision du monde arabe qui est loin d'être similaire à cette époque, et pourtant, les femmes étaient peut-être plus libres vers les années 1940 qu'aujourd'hui dans les pays arabes.
Voyez par vous-mêmes : quelques exemples de magnifiques robes portées par ces divas à l'époque.
Exemples de robes portées par les plus grandes divas du monde arabe de l'époque de l'âge d'or d'Egypte. - Exposition "Les divas" de l'Institut du Monde Arabe à Paris de septembre 2021.
Aujourd'hui, nous rendons hommage à 3 de ces femmes : Badia Masbni, Samia Gamal et Tahiyya Cariocca. Ce n'est que le premier article de cette série pour remettre en lumière toutes ces femmes fortes du monde arabe.
Badia Masbani ou la business women égyptienne de la danse orientale (Damas, 1892 - Zahle, 1974)
Pourtant très célèbre à l'époque, le nom de "Badia Massabni" ne résonne pas aussi fort que celui de "Samia Gamal". Elle est pourtant le ciment de la danse orientale moderne. Sans elle, l'art de la danse orientale serait différent aujourd'hui.
Elle a crée son théâtre et a formé les troupes des danseuses les plus connues du monde arabe. C'est la pionnière du style sharqî. Elle a su mêler les disciplines et apporter à la danse orientale un esprit théâtrale en enrichissant la danse de mouvements amples (arabesques, jeux de bras, tours) : la danse "raqsa Badia" est née. L'établissement devient très vite une académie artistique, un lieu de représentation pour les plus grands chanteurs de l'époque, mais également un lieu de débats où l'intelligentsia était présent. Citons par exemple Naguib Mahfouz (prix nobel de la littérature en 1988) qui y donnait des conférences hebdomadaires. Son cabaret rencontra un tel succès qu'elle fut obliger de redevoir un certain nombre de taxes à l'Etat Egyptien. Elle s'exila à Zahle et repris une ferme pour finir tranquillement sa vie. On remercie Badia pour sa vision futuriste et pour tous les enrichissements qu'elle a pu apporter à la danse orientale
Voici donc les 5 choses à savoir sur Bardia Massabni :
C'était une égyptienne d'origine libanaise et syrienne
C'est la doyenne de la danse sharqî
Elle ouvrit le plus grand des cabarets de danse egyptienne (Casino Badia)
Elle forma les plus grandes danseuses égyptiennes (Samia Gamal, Tahia Carioca, etc)
Elle éleva la danse orientale au rang du cinéma et du théâtre
Samia Gamal ou la danseuse orientale la plus connue au monde (Beni Suef, 1924 - Le Caire, 1994)
Comme écrit dans le titre, c'est sans doute la danseuse orientale la plus connue au monde.
Ses mouvement sont très fluides, empruntés de la danse classique et sa grâce est sans égal. Elle travaille beaucoup les bras et son bassin est souple sans être "puissant". C'est sa particularité. Elle excèle dans le type sharqî et son style a des influences hollywoodiennes, sud-américaines et du ballet classique. Elle joue une cinquantaine de film entre 1940 et 1950 , c'est dire ! Mais nous ne pouvons pas écrire sur Samia Gamal sans parler de son homme d'époque : Farid al-Atrache, un chanteur très célèbre qui lui ouvrit les plus grandes portes du cinéma.
Vous l'avez sans doute vu dans le film "Ali Baba et les 40 voleurs", le film dans lequel elle se fit connaître auprès du public français. Une vidéo ici :
Voici donc les 5 choses à savoir sur Samia Gamal :
C'est une des danseuses égyptiennes les plus reconnues de l'âge d'or (vers 1950) dans le style sharqî
Elle a fait ses premiers pas au Casino Badia
Elle a été formée par Isaac Dickson et a intégré des mouvements de danse classique à sa danse
Elle a été en couple avec Farid al-Atrach
Le roi Farouk stipula que c'était la "plus grande danseuse du monde arabe"
Tahiyya Cariocca ou la danseuse orientale latino (Ismaïlia, 1919 - Le Caire, 1999)
Après Samia Gamal, Tahiyya est sans doute la deuxième danseuse la plus connue de cette époque. Pourquoi ce nom ? Car sa danse mêle des danses latines et notamment quelques pas de samba. Au-délà de son activité de danseuse, Tahiyaa étaient engagée en politique et particulièrement sur le mouvement communiste. Tahiyya était une diva dans l'âme mais aussi une batante pour son engagement politique mais pas que. Elle fuit sa famille à douze ans et devint rapidement danseuse soliste. Elle joua dans plus de 120 films, arborant souvent un rôle de femme séductrice, un rôle qui lui colait à la peau du fait de ses multiples conquêtes.
Voici donc les 5 choses à savoir sur Tahiyya Carioca :
Elle a fait ses premiers pas au Casino Badia et dansait souvent avec Samia Gamal
Elle a intégré des mouvements de danse latine à sa danse (d'où son nom)
Elle a été mariée 14 fois
Elle a arrêté sa carrière de danseuse en 1963 pour diriger son propre théâtre
Elle a été emprisonnée 3 mois pour ses activités communistes
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Lydia pour le Studio Lili